Entretien avec Jean-François Leroy

Jean-François Leroy, vous avez choisi, et c’est une première, de ne pas présenter à Perpignan la photo primée cette année au World Press. Pourquoi ? 
Parce que la photo de presse internationale de l’année est une photo, que de surcroît je ne trouve pas bonne, d’un couple d’homosexuels en Russie. En 2015, il y a eu la Syrie, l’Irak, le Mali, le Nigeria, l’Ukraine, la montée de Daesh partout et tu primes une photo sur l’homosexualité en Russie ? Je sais que c’est une problématique contemporaine dont il faut parler mais ça ne me semble pas être l’image qui restera de 2015. Donc, je ne reconnais plus ce prix.

En parlant de Daesh, il n’y aura pas de reportage sur ce groupe d’extrémistes sanguinaires qui sont pourtant l’incarnation moderne du Mal. N’est-ce pas frustrant ?
Oui, bien sûr. Mais tout ce que nous avons, ce sont des photos à eux, de propagande, et on ne présente pas de propagande à VISA. Nous n’avons rien d’autre pour l’instant parce que les reporters qui ont voulu y aller sont morts. Je ne vais pas demander à un photographe d’aller se faire décapiter pour ramener des photos.

De quelles expositions ressortira-t-on plus instruits sur le monde ?
Les migrants en Europe de Giulio Piscitelli, le Venezuela d’après Hugo Chavez d’Alejandro Cegarra, l’épidémie d’Ebola par Daniel Berehulak (dont une photo, très forte, illustre l’affiche du festival).

Perpignan aura enfin un centre dédié au photojournalisme, qu’en pensez-vous ?
Il y a eu une véritable volonté politique de l’association et du maire d’installer quelque chose. Les choses avancent. Il le fallait à Perpignan, ça ancre la ville dans son statut de capitale du photojournalisme.

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