Jonas Bendiksen dévoile la supercherie dans une interview à l’agence de photographie Magnum. Le photographe norvégien explique qu’il a bidonné un reportage photo sur les « Fake news ». C’était une façon de dénoncer le manque de vérification et la facilité d’exécution de ce genre de reportage truqué.
« C’est une vraie trahison », reconnaît Jean-François Leroy, le directeur de Visa pour l’image. Dans une interview diffusée sur le site de l’agence de photos Magnum, le photographe norvégien Jonas Bendiksen explique que sa série de photos, présentées au festival de photojournalisme de Perpignan, est montée de toutes pièces, bidonnée. Des photomontages pour dénoncer le manque de vérification de l’information, qui selon lui, touchera bientôt cette profession.
Jean-François Leroy, le directeur du festival perpignanais, a découvert la supercherie par mail. « Jonas Bendiksen m’a envoyé un lien vers une interview où il dévoile tout. C’est une vraie trahison. Ça fait plus de 30 ans qu’on défend les journalistes comme personne », s’agace le patron du festival quelques jours après la 33e édition. Dans cette interview, on découvre que sa série de photos sur la ville de Veles en Macédoine du Nord est fausse.
Un reportage qui devait mettre en lumière celles et ceux qui fabriquent les « fake news » aux États-Unis. La ville de Veles est désignée par certains comme le berceau de la fausse information sur internet. Il se dit même que ses habitants auraient joué un rôle important dans l’élection de Trump en 2016. Alors le photographe s’est posé une série de questions : « Combien de temps faudra-t-il avant de commencer à voir du photojournalisme documentaire ? Serons-nous capables de faire la différence ? »
Après deux voyages en Macédoine, et des dizaines de clichés, Jonas Bendiksen s’est enfermé chez lui lors du premier confinement en Europe, pour apprendre l’art du montage photo et la création de personnages en 3D. En parallèle, il utilise l’intelligence artificielle pour écrire un livre, sans taper une lettre sur son clavier. Le résultat raconte et montre ses fausses rencontres avec celles et ceux qui « arrosent » les États-Unis de fake news. Une façon de dénoncer les dangers d’un manque de vérification et de prouver que le procédé touchera aussi le photojournalisme.
De quoi vexer sérieusement le patron de Visa pour l’image, Jean-François Leroy, qui parle donc de trahison. « Ce qu’on fait, c’est que quand on a un doute, on demande les fichiers bruts impossibles à retravailler. Mais c’est vrai que quand je connais le photographe et que j’ai confiance, je ne demande pas systématiquement ce fichier », explique le patron du festival de photo.
Même s’il comprend la démarche de son ami Norvégien, Jean-François Leroy regrette la méthode. « On aurait pu jouer les choses ensemble. J’aurais pu présenter le sujet et à la fin dire « c’était une supercherie ». Et Jonas va nous expliquer sa démarche. Ça aurait été plus élégant. »
Source : Par Nina Valette, France Bleu Roussillon, France Bleu