Stanley Greene, l’un des photographes de guerre les plus respectés, est mort à Paris le 19 mai, à l’âge de 68 ans, a annoncé son entourage. « Stanley vient de mourir », a également annoncé le directeur du festival de photojournalisme Visa pour l’image, Jean-François Leroy, sur Facebook. « Face à la maladie, il a toujours été très optimiste et a tenté de lutter, jusqu’au bout. »
Né à New York en février 1949, il était devenu l’ancien assistant du légendaire photographe américain Eugene Smith en 1971. Il a fait ses débuts en documentant les milieux punks de San Francisco dans les années 1970.
Cet ancien militant des Black Panthers a pris ses premières photographies d’actualité en 1989, lors de la chute du mur de Berlin. Il s’est ensuite intéressé pendant de nombreuses années aux territoires de l’ex-URSS. Il s’était rendu pendant dix ans, illégalement, en Tchétchénie, d’où il a ramené des photographies tragiques et un livre mémorable, Plaie à vif : Tchétchénie 1994-2003 (Ed. Trolley, 2003).
En 1993, il a rapporté un reportage inédit des coulisses du Parlement russe (la « maison blanche »), à Moscou, investi par des insurgés et que les troupes d’Eltsine avaient écrasé. Il s’en était sorti indemne, par miracle. Toujours accompagné de deux boîtiers, il a également travaillé en Afghanistan, au Darfour, au Rwanda, en Irak. En 2005, il s’était rendu dans le sud des Etats-Unis, pour témoigner des ravages de l’ouragan Katrina.
Ancien membre de l’agence VU, il avait ensuite cofondé l’agence de photojournalisme Noor, en 2007.
Ses photos, tranchantes et contrastées, retenues ou lyriques, pointées sur des détails, des visages ou des instants silencieux, construisent une approche subjective de la photographie documentaire. Il avait raconté sa vie, à la première personne, dans Black Passport (Ed. Textuel, 2009), qui mêle aventures sentimentales et terrain.