La jeunesse iranienne se dévoile sur les réseaux sociaux avec le hashtag #KartMelichallenge

En postant des montages photographiques de leur photo d’identité, austère, et d’une autre photo privée avec le hashtag #KartMelichallenge les jeunes Iraniens veulent démontrer le décalage qui existe au sein de leur société.

Ce sont les deux faces d’une même pièce. D’un côté, une photo d’une jeune femme voilée au visage sans expression, regard sombre et sourire neutre. De l’autre, une photo de la même jeune femme sans voile, maquillée, arborant un large sourire et un regard rieur. La première image est celle d’une photo d’identité officielle en Iran, l’autre est une photo de la vie de tous les jours, juxtaposées dans un montage.

? (@kartmelichallenge) • Photos et vidéos Instagram - Google Chrome_2015-11-29_20-23-42Depuis que le hashtag #KartMelichallenge (défi de la carte d’identité) a été lancé sur Instagram par une utilisatrice iranienne, ces montages se multiplient et démontrent l’ambivalence de la société iranienne. La photo d’identité, très encadrée et stricte, montre une image contrôlée qui répond aux lois imposées par la république islamique. La seconde photo veut dévoiler une image libre.

Une jeune femme de 23 ans est à l’origine du phénomène. Elle témoigne anonymement dans une interview au site Iran Wire, repérée par Les Inrocks . Elle raconte qu’elle voulait, au départ, publier des photos de femmes sans leurs voiles en les comparant aux photos d’identité. «C’est rare que les gens aient l’air heureux sur la photo de leur carte d’identité, et c’est ça qui rend la campagne intéressante», explique la jeune femme. Les restrictions concernant les photos d’identités sont nombreuses: «les hommes ne doivent pas porter de cravate ni de bijoux. Leurs cheveux doivent être coiffés et leur front ainsi que leurs oreilles doivent être clairement dégagés. Les femmes doivent apparaître avec un hijab entier, sans maquillage ni bijoux», liste le Iran Wire.

La jeunesse iranienne s’est appropriée le mot clé ? (@kartmelichallenge) • Photos et vidéos Instagram - Google Chrome_2015-11-29_20-26-36#KartMelichallenge et l’utilise pour révéler le décalage entre l’image publique qu’ils se doivent de montrer et l’attitude qu’ils ont en privé. «Ils montrent que d’un côté, ils doivent respecter certaines normes, certains préceptes. Et de l’autre, que dans leur réalité quotidienne, ils transgressent ces normes», explique Azadeh Kian, professeure de sociologie, aux Inrocks .«Ils montrent qu’ils refusent d’accepter l’identité que leur impose le pouvoir», poursuit-il.

Un pied de nez au régime islamique qui n’est pas sans risque. En 2014, la publication de nombreuses photos sur Instagram de la jeunesse dorée de Téhéran avait suscité la colère des autorités, qui avaient supprimé le compte en question. En mai dernier, six jeunes de la capitale iranienne ont été arrêtés pour avoir repris, dans une vidéo, le tube Happy de Pharell Williams. Ils étaient accusés d’ «atteinte aux bonnes mœurs» et de «non port du voile», pour les femmes présentent dans la vidéo. En Iran, les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook sont interdits.

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