Mai 68 – Gilles Caron

Gilles Caron revient du Biafra lorsque débute mai 1968. Les premiers jours de mai sont marqués par plusieurs manifestations violentes contre les forces de l’ordre:  jets de pavés et barricades au quartier latin. Pourtant, ces incidents localisés ne sont pas encore pris au sérieux par les autorités. Les deux plus célèbres images du photographe, celle de Daniel Cohn-Bendit narguant un CRS et celle d’un manifestant poursuivi qui trébuche datent du 6 mai. Avant même la grande manifestation parisienne du 13 mai, qui met un million de personnes sur le pavé, Gilles Caron a commencé à photographier les événements comme une nouvelle guerre.

Membre de l’agence Gamma, ses portraits de combattants témoignent bien souvent de la souffrance et de la dureté de la guerre, mais, en photographiant Cohn-Bendit tenant tête à un CRS devant la Sorbonne avec un sourire goguenard, le combat est d’un autre ordre…

Avec ce sourire et cet échange de regards, dans la foule compacte où les casques des CRS se mêlent aux étudiants sous le vieux porche de la Sorbonne, il a créé une image emblématique du mouvement étudiant de Mai 68, révolte désordonnée d’une jeunesse dorée face à l’ordre établi. 

Dans une France où la télévision n’est pas encore un média de masse, ce sont les quotidiens et les magazines qui construisent l’image de l’actualité. Soutenues par la machine Gamma, les photographies de Caron, l’un des professionnels les plus actifs pendant la durée des troubles, sont plébiscitées par les journaux.

Selon Hubert Henrotte, «70 % des publications dans la presse seront signées de lui.» Pour la réception immédiate comme pour la mémoire ultérieure de l’événement, l’image de mai 1968 restera largement tributaire du lyrisme dramatique de Caron. Deux ans plus tard, le photographe disparaît au Cambodge. Venant interrompre une carrière fulgurante, sa mort fige son oeuvre dans l’admiration et le souvenir.

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