L’Américain Stanley Greene a grandi marqué par la violence. Devenu reporter de guerre, il l’a traquée au bout de son objectif pour témoigner du chaos du monde.
Stanley Greene était acteur, junkie, homme à femmes et photographe. Photographe de guerre. Né à Brooklyn dans une famille noire américaine de la classe moyenne, il est mort à Paris, sans un sou, en 2017, à l’âge de 68 ans. Poussé et rongé par une obsession qu’il revendiquait : « mettre en lumière les endroits les plus sombres du globe ».
Devenu photojournaliste avec la chute du mur de Berlin, Stanley Greene avait définitivement lâché la photo de mode pour couvrir la Tchétchénie, le Rwanda, la Mauritanie, le Soudan, le Darfour et le Liban ou encore les ravages de l’ouragan Katrina, à la Nouvelle-Orléans. Ses photos dégagent une puissance et une violence qui étaient aussi les siennes. Jean-David Morvan et Tristan Fillaire le racontent dans Stanley Greene, une vie à vif.
C’était un dandy punk qui avait une conscience politique qu’il a sans doute de temps en temps cachée par une certaine élégance. Il était plus concerné par les événements qu’il ne voulait le dire et ses photos le prouvent.Le scénariste Jean-David Morvan
La BD réussit à marier les épisodes de la vie du reporter, dessinés assez sèchement mais en couleurs, et ses photos, pour la plupart en noir et blanc. Elles ne sont jamais recadrées. Les auteurs s’interdisent d’y superposer du texte. Les dessins ne les recopient jamais. Le crayon, en revanche, saisit le contre-champ, regarde le photographe, à l’affut ou au pas de course, le plus souvent.
Stanley Greene, une vie à vif, de Jean-David Morvan et Tristan Filaire aux éditions Delcourt, avec la participation de l’agence Noor que Greene avait contribué à créer.