Une exposition étonnante, avec des œuvres renversantes, aux techniques puissantes et des messages forts. L’exposition « Qui a peur des femmes photographes? » ouvre ses portes au public ce mercredi 14 octobre 2015 jusqu’au 24 janvier 2016.
Une première partie des œuvres photographiques datées entre 1838 et 1919 sont exposées au Musée de l’Orangerie. La seconde partie des photographies, entre 1918 et 1945, sont présentées au Musée d’Orsay.
Près de 400 illustrations dédiées aux femmes photographes qui montrent comment elles ont conquis leur légitimité dans cette pratique artistique, dominée par les hommes. Amatrices ou professionnelles, elles s’emparent des scènes de vie, de guerre, des paysages, des portraits et surprennent par leur maîtrise et leurs choix.
« Être photographe femme, c’est quasi prendre place sur la scène de la théorie et écrire l’histoire de la photographie », peut-on lire dans la première section au Musée d’Orsay. Cette exposition étudie la relation et l’évolution des femmes dans le milieu photographie. Elle illustre également leur parti pris dans les événements socio-culturels des XIXe et XXe siècle. En outre, « Qui a peur des femmes photographes » questionne le manque de visibilité de ces artistes dans l’histoire de l’art, ou encore leur reconnaissance dans les médias de leur époque.
Au Musée de l’Orangerie, les spectateurs sont invités à découvrir des œuvres allant des débuts du medium photographie, en 1838, au sortir de la Première Guerre mondiale. De Constance Talbot, épouse de l’inventeur anglais de la photographie W. H. Fox Talbot et première praticienne de la nouvelle technique à Christina Broom, l’une des pionnières du photojournalisme anglais, en passant par l’influente photographe américaine Gertrude Käsebier, 75 femmes sont mises à l’honneur dans ce premier parcours. Elles traitent du niveau de sociabilité des femmes, de leur domaine de prédilection, leur représentation face à leurs collègues masculins. Les femmes partent à l’assaut du documentaire, du journalisme, sur le front pour donner à voir à leur manière.
Dans un second temps, le Musée d’Orsay présente le regard des femmes photographes entre les deux guerres. Elles participent à la naissance d’une pratique photographique plus moderne et s’ancrent davantage dans une démarche de professionnalisation (dans la mode, la publicité, la presse, etc). Des magazines tels que Vogue, National Geographic, Vu, collaborent avec des figures comme Germaine Krull ou encore Lee Miller. Elles touchent à tous les genres, s’attaquent aux territoires réservés auparavant aux hommes (l’érotisme, le nu) et introduisent un regard critique et distancié sur leur statut. Les femmes photographes viennent bouleverser les codes artistiques en vigueur.
Le parcours de l’exposition, qui sort du studio pour embrasser le monde, souhaite montrer comment, au sortir d’une Europe dévastée, les femmes s’emparent du médium photographique dans des stratégies d’affirmation artistique et professionnelle et comment elles conquièrent des territoires jusque là réservés aux hommes. Cette déambulation dans l’histoire de la modernité veut aussi porter un regard moderne sur l’histoire.
Qui a peur des femmes photographes ?
Au musée de l’Orangerie et au musée d’Orsay jusqu’au 24 janvier 2016