Lyon: les Premiers déclics de Marc Riboud

À 91 ans, Marc Riboud est l’un des derniers monstres sacrés de la photographie. Sa jeune femme tenant une fleur face aux baïonnettes de soldats à Washington en 1967 reste l’un des clichés les plus célèbres au monde. Lyon, sa ville natale lui rend actuellement hommage au Plateau, l’espace d’exposition du Conseil régional. L’exposition Premiers déclics revient sur les premières années de la carrière du photographe.

L’histoire de Marc Riboud avec la photographie commence avec un vieux Vest Pocket Kodak offert par son père alors qu’il a une dizaine d’années. Un cadeau qui va profondément marquer ce grand timide, cinquième d’une fratrie de sept enfants.

« Cela a été important pour sa confiance en soi, raconte son épouse Catherine Riboud. Dans sa jeunesse, Marc n’osait pas ouvrir la bouche. Il était presque muet. Une fois, à table, son père lui posait des questions et Marc répondait avec : « hum, hum, hum ». Alors son père était tellement excédé par son mutisme que, très énervé, il lui dit : « Marc, si tu ne sais pas parler, tu sauras peut-être regarder »»

L’intuition est bonne. Dès ses premières photos, Riboud affirme son goût pour la géométrie et montre un soin tout particulier à la composition de ses images, comme dans cette vue depuis une fenêtre à Lyon prise en 1942. « J’aime beaucoup cette photo qui l’a prise pendant la guerre. De la fenêtre de sa mère sur le Rhône. Il y a quelque chose d’un peu mélancolique et en même temps cette lumière qui donne quelque chose de gai. Il y a souvent une sorte de mélancolie et il y a aussi souvent une gaieté. »

La carrière de Marc Riboud connaît un coup d’accélérateur en 1953 : d’abord, il publie dans le magazine américain Life le cliché du peintre funambule de la Tour Eiffel, puis il intègre la prestigieuse agence Magnum. Ses mentors s’appellent alors Henri Cartier-Bresson et Robert Capa. Pour s’affirmer face à ces deux géants, il décide de quitter Paris, voyage en Angleterre, en Yougoslavie puis vers l’Orient jusqu’en Chine et au Japon. Moins connue, sa série sur l’Alaska est présentée pour la première fois.

« L’Alaska est la section où il y a le plus d’inédits, se réjouit Lorène Durret, la commissaire de cette exposition. Il y a une photographie que j’aime beaucoup, avec les deux personnes qui affrontent le blizzard et qui sont emmitouflées dans la fourrure avec des moufles très fortes et des yeux presque fermés par le froid. Cela résume bien la série où l’on sent ce froid intense et l’esprit de ce voyage en Alaska qui est assez particulier et assez à part dans le travail de Marc Riboud. »

Premiers déclics montre toute la tendresse du regard de Marc Riboud, photographe engagé, mais qui s’est toujours refusé à représenter la violence comme pour mieux placer l’humain au centre du monde.

Lyon: les Premiers déclics de Marc Riboud, jusqu’au 21 février 2015 à l’espace d’exposition du Conseil régional de la région Rhône-Alpes, 1 esplanade françois mitterrand lyon 69002

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