Joao Silva, rescapé du photojournalisme

Le reportage de guerre a un prix. De nombreux journalistes risquent leur vie pour couvrir les conflits. Des dizaines de reporters sont ainsi morts en Syrie ces derniers mois et bien d’autres sont rentrés chez eux blessés.

Joao Silva travaillait en Afghanistan en tant que photographe pour le « New York Times » quand il a marché sur une mine antipersonnelle le 23 octobre 2010. Il suivait depuis des semaines l’armée américaine à Kandahar. Aujourd’hui, il expose au festival de photojournalisme Visa pour l’Image des clichés pris au moment de l’accident.

« J’ai pris ces photos depuis le sol alors que mes deux jambes venaient d’exploser, raconte le journaliste. J’étais en train de photographier un soldat avec son chien, qui nous accompagnait pour assurer notre sécurité. J’ai fait un pas en arrière et j’ai marché sur une mine. Les soldats m’ont mis à l’abri et j’ai tenté de continuer à prendre des photos. Je voyais que mes jambes avaient disparu. J’essayais quand même de faire des clichés mais ma main me faisait trop mal. J’ai dû lâché mon appareil photo. »                                                                   

Il quitte ensuite sa patrie pour d’autres conflits. L’Irak notamment. Joao Silva devient photoreporter pour le quotidien américain « The New York Times ». Il passe beaucoup de temps aux côtés des soldats américains, mais aussi avec les insurgés. Une honnêteté journalistique qui fera le bonheur de ses éditeurs mais lui attirera les foudres de l’opinion américaine conservatrice. « Ils pensaient que je glorifiais l’ennemi, se souvient Joao Silva. Ils pensaient que j’étais un traître. J’ai reçu des menaces de mort. Mais vous savez, si on peut avoir accès aux deux camps dans un conflit, il faut le faire, non ? Vous n’allez pas montrer qu’un seul côté. »

Depuis son accident, le Sud-Africain se reconstruit grâce à la chirurgie et à ses prothèses. Ces nouvelles jambes lui permettent de marcher et même de courir depuis un an. Courir comme il le faisait lorsqu’il était photojournaliste en Afrique du Sud, dans les années 1990, à l’époque de ses premiers clichés. Il capte alors les derniers instants d’un apartheid mourant. « On a vu des gens se faire littéralement tuer sous nos yeux. Puis, la démocratie est arrivée et l’Afrique du Sud est devenu un pays libre en 1994. Mais de mon côté, personnellement, j’avais été témoin de tout ça et j’ai perdu trois de mes amis cette année-là. »

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