Pourquoi choisit-on d’être photographe de guerre ? A t-on le droit de photographier la souffrance des autres ? De quoi est-on responsable ? Photographier pour témoigner – un geste politique ou un geste pour l’histoire ? Quelle est la place des rédactions dans le travail sur le terrain ?
Autant de questions auxquelles tente de répondre ce documentaire en proposant une série d’interviews, sur fond de documents, sur 50 ans de photographie de guerre. Aux prises avec leurs interrogations sur le sens de leur métier, les plus grands photographes d’hier et d’aujourd’hui parlent de leur métier et passion.
« Ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il ne répond pas vraiment. Il n’y a pas de vraie réponse, ce n’est pas aussi simple que ça. Il y avait plusieurs raisons à ce film. J’en avais un peu marre de faire de la photo. Les jeunes photographes me demandaient ce que je pensais de la photo et je n’arrivais pas trop à y répondre à ce moment-là. On a besoin de jeunes pour prendre la relève, vu que dans ce métier, beaucoup de gens sont fatigués, blessés ou tués. J’ai pensé que c’était un bon moyen de présenter ces photographes en pleine forme qui racontent leur passion et de montrer aussi qui étaient les gens derrière les photos.
Au départ, ils ont tous dit non, parce qu’ils sont plutôt timides. Leur métier n’est pas d’être vu. Finalement, ils ont dit oui, parce qu’ils ont préféré que ce soit un collègue à eux que quelqu’un qui n’y connaît rien et fait un mauvais film, trop cliché.
Une autre raison pour faire ce film : c’était l’époque du scandale Lady Di. Tout le monde a accusé les photographes de presse de sa mort. Moi, je ne suis pas paparazzi, mes amis non plus. Je ne les critique pas, je m’en fous de ce qu’ils font, je ne suis ni pour ni contre. J’ai des copains paparazzi sympas, qui me font plutôt rire, mais ce milieu ne m’intéresse pas du tout.
Par contre, ce qui m’a mis en colère, c’est que le public faisait l’amalgame entre le photographe de presse et le vautour. Ce film était aussi une réaction à cela, un moyen de dire que le photographe de presse n’est pas un terme générique. »
Patrick Chauvel.