Le photographe américain David Douglas Duncan, célèbre pour ses clichés de la guerre de Corée en 1950 pour le magazine Life, est décédé à l’âge de 102 ans à l’hôpital de Grasse.
Il a traversé trois guerres, comme soldat ou comme reporter pour le magazine Life. Il a parcouru le monde, de la Russie à l’Iran, à bord de sa flamboyante Mercedes SL aux ailes papillon, souvent accompagné de son petit chien Yo-Yo. Il a photographié les dernières années de la vie du peintre Picasso, dont il fut proche. Il avait la classe de Gary Cooper, et sa vie, très longue, a ressemblé à un incroyable film d’aventures. Ce pionnier de la photographie de guerre, auteur de vingt-huit livres, était aussi connu pour son caractère entier et bien trempé, qui n’empêchait pas l’émotion de, parfois, le déborder.
Né le 23 janvier 1916 dans le Midwest à Kansas City, DDD avait commencé par des études d’archéologie en Arizona. Mais, dès ses débuts, sa vie est marquée par l’instinct du scoop. Armé d’un appareil photo que lui a offert sa sœur pour ses 18 ans, il se précipite pour prendre des images de l’incendie qui ravage l’Hôtel Congress à Tucson, en 1934. Il photographie alors un drôle de client qui insiste auprès des pompiers pour récupérer sa valise laissée dans une chambre. Le lendemain, DDD apprendra qu’il s’agissait de John Dillinger, l’ennemi public numéro 1, le braqueur de banques le plus célèbre du pays, arrêté avec sa bande ce jour-là.
David Douglas Duncan va collaborer à plusieurs journaux américains, mais c’est la seconde guerre mondiale qui lancera vraiment sa carrière et le marquera à jamais : incorporé dans l’armée en 1942, il rejoint le corps des marines comme photographe de guerre dans le Pacifique. En 1946, dès son retour à la vie civile, il est embauché au magazine Life. De ces longues années passées comme soldat, DDD gardera une émotion à fleur de peau – sa voix tremblait dès qu’on évoquait ses camarades morts au combat.
Il fait des soldats le sujet de son travail, compilé dans un livre intitulé « This is war! » publié en 1951. Dans la préface, il écrivait: « Pas d’apothéose dans ce livre, ni de conclusion fracassante. Juste le désir de montrer un peu ce qu’un homme doit subir quand son pays décide d’entrer en guerre ».