Interview du photojournaliste Yonathan Weitzman

Yonathan Weitzman est un photographe israélien, né en 1977, à Haïfa. Il a travaillé pour pour le quotidien Haaretz puis pour les agences Corbis, Reuters avant de rejoindre BluePress. Prix du Press Photographer’s of the year 2007, World Press Photo 2008 et 2007, Best Photo Journalism 2007, Picture of the Year International 2008 et 2005, il est spécialisé dans le reportage de guerre.

Pouvez-nous nous présenter l’origine et la motivation pour ce travail sur Jérusalem présenté dans Polka ?
Des milliers de livres ont été écrits sur Jérusalem. Des centaines d’auteurs musulmans, chrétiens et juifs bien sûr ont essayé de décrire ce qui fait que cette ville est à nulle autre pareille. Quelle est cette magie et comment l’exprimer ? A mon sens, aucun auteur de grande littérature, aucun journaliste n’a jamais vraiment réussi à faire partager à ses lecteurs les émotions qui nous saisissent quand le paysage de Jérusalem s’offre à nous. Je pense que Jérusalem appartient aux hommes d’images : peintres, cinéastes,  et bien sûr photographes. Au XIX siècle, quand l’Empire Ottoman a laissé les chrétiens entrer en Terre Sainte, tous les grands auteurs d’Europe et d’Amérique de Flaubert à Mark Twain ont fait le voyage à Jérusalem, mais la ville leur a pour ainsi dire « échappé ». Ils n’en ont vu que certains aspects, les plus fascinants ou les plus sordides. Voyez ce que le grand écrivain Pierre Loti disait de la misère des juifs à Jérusalem… Je pense que le premier à avoir exprimé la réalité magique de Jérusalem a été le peintre britannique David Roberts. La ville est là, dans ses dessins, belle et aride, douce et violente, éclairée par la sagesse de ses sages, enténébrée par la violence des fanatiques. Modestement, j’ai voulu mettre mes pas dans ceux de tous ces artistes qui ont voulu montrer Jérusalem.

Quelle est votre approche de la photographie ?
Je suis un raconteur d’histoires. Un raconteur d’histoires vraies. Je suis à la fois  journaliste et artiste. J’ai besoin de temps pour entrer dans la réalité des faits que je veux restituer. Je me fais violence quand les impératifs de dead line m’obligent à plonger dans l’action. Mais une fois le premier pas franchi, je suis à l’aise dans le tumulte et la furie des événements. Je me laisse, porter, emporter, et je « vole » quelques instantanés d’un réel qui nous dépasse tous. La photographie c’est le seul art qui m’offre cette possibilité d’aller de la lenteur à la frénésie, du temps étiré au millième de seconde. Je pense être quelqu’un de complexe évoluant, comme tout un chacun, à des rythmes et à des vitesses différentes. La photographie c’est l’art qui me permet d’additionner mes contraires, mes contradictions pour en tirer le meilleur.

YONATHAN WEITZMAN, Yonathan Weitzman, Fontaine de Siloé, porte des immondices, avril 2010
Quelques instants avant le début du shabbat à Jérusalem. Un juif religieux exécute une figure de rap devant un groupe d’ultra-orthodoxes perplexes. Les juifs ont l’habitude de se baigner dans l’eau de la source pour se purifier avant de se retirer du monde pendant toute la durée du shabbat.


Quel matériel avez-vous utilisé pour ce reportage ? Quels avantages lui avez-vous trouvé ?
J’ai utilisé le Nikon D3S. Ce fut une expérience vraiment positive. J’ai apprécié l’ergonomie de ce matériel. Sa force et sa légèreté. C’est un matériel idéal pour les photographes intuitifs et exigeants à la fois. Rapide et fiable, il est parfait pour les histoires à saisir dans la discrétion et les basses lumières. La palette dynamique m’a semblé particulièrement étendue : c’est également un gros avantage. J’ai beaucoup travaillé avec l’AFS Nikkor 24-70mm f/2.8 C’est l’optique qui couvre 90 % de mes besoins quotidiens, avec un piqué enthousiasmant.

Vous avez également décliné le sujet en vidéo : en tant que photographe, comment abordez-vous la vidéo ?
J’ai utilisé les capacités vidéo du Nikon D3s jusqu’à ses limites. Ce boîtier est une véritable libération : il permet à tous ceux qui ont quelque choses à dire, à montrer, à exprimer de réaliser de la vidéo de qualité professionnelle.

Source : http://nikonhub.typepad.com

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