Le 26e festival Visa pour l’image

Le festival Visa pour l’image se déroulera du 30 août au 14 septembre, l’occasion de se replonger dans l’actualité qui a rythmé l’année. Une actualité aussi riche que brûlante et que les photographes font partager au grand public sous la houlette du rédacteur en chef du festival, Jean-François Leroy.

Ce dernier vient justement de présenter les affiches du 26e Visa pour l’image. Des affiches qui témoignent des conflits en Ukraine et en République Centrafricaine, un moyen de rendre hommage au travail de Camille Lepage, photoreporter tuée en Centrafrique au printemps dernier.

Seront exposés entre autre :

Bruno Amsellem – Rohingyas, une minorité sans voix
En Birmanie, depuis juin 2012, les Rohingyas sont victimes d’exactions meurtrières perpétrées par les populations locales sous l’œil complice du pouvoir en place. Cette minorité musulmane, déclarée apatride par les autorités birmanes depuis 1982, est selon l’ONU l’une des plus persécutées de la planète. Au cours de ces deux dernières années, des dignitaires bouddhistes ont multiplié les appels à la haine. Des villages entiers ont été incendiés et rasés dans l’Arakan, au nord-ouest de la Birmanie. Ces vagues de violences qui ont causé la mort de centaines de personnes ont aussi gagné le centre du pays. Aujourd’hui, plus de 140 000 Rohingyas vivent dans des camps de déplacés aux environs de Sittwe, la capitale de l’Arakan, privés de soins et de liberté de circulation. Bruno Amsellem s’est rendu dans ces camps, où la présence d’étrangers et de travailleurs humanitaires est sévèrement restreinte par les autorités.

Ceux du Nord
Il y a quarante ans, la guerre du Vietnam se terminait. L’une des guerres les plus médiatisées. Nous gardons en mémoire les images emblématiques de Larry Burrows, Don McCullin, Philip Jones Griffiths, Gilles Caron, Horst Faas, Henri Huet… ces photojournalistes qui ont couvert le conflit côté américain, « ceux du Sud ». Cependant, nous connaissons peu le travail de ceux qui ont couvert le conflit sous les bombes des B52, ces soldats vietnamiens devenus photographes, « ceux du Nord ».

Sur une idée et grâce à l’aide de Patrick Chauvel, les organisateurs du festival ont pu rencontrer Doan Công Tinh, Chu Chi Thành, Maï Nam et Hua Kiem qui ont accepté l’invitation à Perpignan.

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©Chu Chi Thành 16 novembre 1967. Le vieux milicien Tran Van Ong, habitant de la commune de Duc Ninh, district de Quang Ninh, province de Quang Binh, vient d’abattre un avion F4H.

Pierre Terdjman – Centrafrique
Depuis leur prise de pouvoir en mars 2013, les milices de la Séléka ont été responsables de violations massives des droits de l’homme. Ils ont massacré, violé, torturé, exécuté, et incendié des centaines de villages. Près d’un cinquième de la population a dû fuir et vit dans des conditions désastreuses dans des camps de déplacés ou dans la brousse.

En septembre, les milices anti-balaka (principalement chrétiennes) ont entamé des représailles contre la communauté musulmane. Massacres, exécutions sommaires, pillages : la violence a changé de camp. Craignant ces atrocités, les musulmans ont fui vers des villes du nord-ouest comme Bossangoa et Bouca, majoritairement musulmanes de longue date. Des quelque 100 000 musulmans qui vivaient à Bangui, il en reste à peine un millier, le reste ayant fui vers les pays voisins. À moins d’un retournement de plus en plus improbable, la rupture pourrait être irréversible…

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Guillaume Herbaut – Ukraine : de Maïdan au Donbass
Tout a commencé par quelques tweets appelant à manifester sur la place Maïdan. Des étudiants voulaient exprimer leur colère suite au refus du président Ianoukovitch de signer un accord d’association avec l’Europe pour lui préférer l’Union eurasienne de Poutine. Cela s’est transformé en révolution avec la fuite du président corrompu. Puis la Russie a annexé la Crimée, et dès lors c’est l’Ukraine qui se décompose. À quoi assistons-nous aujourd’hui ? À la naissance d’une nation ? À la fin de l’ère soviétique ou au retour de l’Empire russe sur l’échiquier mondial ? La crise ukrainienne pourrait bien être le début d’une crise internationale.

Gaël Turine – Inde – Bangladesh. Le Mur et la Peur
En 1993, l’Inde entame la construction d’un mur de séparation de 3 200 km avec son voisin bangladais. Les raisons officielles avancées par l’Inde pour justifier l’érection de ce mur sont la protection contre l’infiltration de terroristes islamistes et l’immigration bangladaise. Le nombre d’arrestations, de victimes d’actes de torture et de morts en fait la frontière la plus dangereuse du monde. La quasi-totalité de ces victimes sont des Bangladais qui cherchent à passer illégalement de l’autre côté du mur pour des raisons économiques, familiales, sanitaires ou environnementales, car leur pays souffre de tous les maux.

Gaël Turine                                                                              © Gaël Turine

 La festival accueillera aussi cette année l’Unicef, en association avec la mairie de Perpignan. Elle proposera un parcours photographique illustrant 25 ans d’actions, d’histoires et d’émotions. Cette initiative, développée à l’occasion du 25e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, mettra en valeur les travaux des photographes liés au festival. Ces professionnels, postés sur les terrains d’urgence, rendent compte à leur manière de la situation des enfants, notamment dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari, en Jordanie.
Cette exposition intitulée « Ne marchons pas sur les droits de l’enfant » s’installera sur l’esplanade du Palais des Congrès, où 150m² lui seront consacrés. Elle soulignera « 25 ans d’actions et de progrès pour les enfants du monde », selon l’Unicef, qui pourra, par ce biais, montrer au public quelles sont ses actions concrètes.

Visa pour l’Image, du 30 août au 14 septembre. 
Expositions, projections, rencontres
Entrée gratuite, tous les jours, de 10h à 20h
http://www.visapourlimage.com

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