Beyrouth est l’une des plus vieilles villes du monde. Elle possède un patrimoine qui témoigne d’une succession d’époque, des minarets de mosquées en passant par ses palais, sans oublier les manoirs coloniaux et ses ruines architecturales, stigmates des guerres.
Partout dans la ville, des structures neuves et modernes émergent au centre de la capitale Libanaise. Mais quelques témoignages d’une époque de faste antérieure trônent au milieu de ces superstructures. On y retrouve des bâtiments d’une autre époque à l’allure ottomane, des manoirs coloniaux français, ainsi que des immeubles d’avant-guerre en ruine, symbole de tout un pays confronté aux guerres depuis la seconde moitié des années 70. C’est cette beauté architecturale passée que le photographe James Kerwin met à l’honneur dans une série de photos “A paradise lost”.
Près de quatre ans durant, James Kerwin c’est intéressé à photographier des lieux variés faisant de la photographie d’architecture sa spécialité – des photographies d’édifices – allant d’une restitution fidèle ou magnifié, selon la sensibilité de l’artiste. Capitale du Liban depuis le 22 novembre 1943, et souvent appelé “Le Paris du Moyen-Orient” en raison de son architecture coloniale française et d’une culture vibrante, Beyrouth a permis d’attirer touristes, intellectuels et investisseurs. Cependant, cet héritage et cette période de magnificence architecturale ont été mis à mal lors de la guerre civile qui a fait rage de 1975 à 1991. Plus de 15 000 bâtiments sont touchés ou détruits, la ville se retrouve balafrée en son centre.
James Kerwin mène son enquête sur l’histoire du Liban et de Beyrouth, l’étudie et entreprend plusieurs voyages. Il met en valeur à travers la photographie un patrimoine oublié qui menace de disparaître sous la construction des nouveaux bâtiments. On y retrouve des demeures abandonnées, des hammams en ruine, des demeures coloniales dévastées.
Les photographies de Kerwin mettent à nu les traces laissées par la dernière guerre de 2006, au cours de laquelle des bombardements israéliens ont endommagé la ville. Des gravats, du bois pourri, et des morceaux de pierre laissent apparaître des éléments historiques de l’architecture encore visibles malgré les bombardements : les fresques arabisantes, les triples arcades… synonyme du Liban – sentiment mélancolique d’un faste passé – sans oublier les façades d’immeubles photographiées à la manière de Stéphane Couturier.
Par ses photos, Kerwin nous questionne sur cette importance de conserver notre patrimoine mais aussi toute la difficulté de savoir s’il faut reconstruire les bâtiments dévastés ou tout simplement les remplacer – un “Beyrouth Blues” partagé entre patrimoine et la réalité d’une authenticité parfois difficile à préserver.
Vous pouvez retrouver toutes ses photographies sur son site internet où sur son Instagram.
Source : www.bewaremag.com – HADRIEN VECCHIONE