Achetés 45 dollars, les clichés en valaient 200 millions

Rick Norsigian peut se frotter les mains : des négatifs qu’il avait achetés au détour d’une brocante il y a dix ans pour 45 dollars en valent aujourd’hui 200 millions. L’histoire commence dans un vide-greniers à Fresno, une ville californienne située à 260 km au sud de San Francisco, où cet Américain achète pour une poignée de dollars une boîte remplie de négatifs photographiques sur plaques de verre.

Artiste, Rick Norsigian développe les photos et leur trouve une ressemblance frappante avec l’oeuvre d’Ansel Adams (1902-1984), célèbre pour ses photos en noir et blanc de l’ouest américain, et notamment du parc national de Yosemite, situé dans les montagnes de la Sierra Nevada. Dès lors, Norsigian n’aura de cesse d’essayer de prouver que les négatifs sont bien d’Adams, mais le processus va prendre plusieurs années.

«Il n’y a pas d’autorité officielle qui puisse authentifier des photographies, contrairement aux peintures, et il n’y a pas de signature qui lie l’œuvre à l’artiste», explique dans un communiqué l’avocat de Rick Norsigian, Arnold Peter, qui a piloté le travail d’authentification. Des experts de plusieurs horizons ont donc été convoqués, fournissant peu à peu un faisceau de preuves qui a permis d’attribuer définitivement les clichés au célèbre photographe, dont 5.000 négatifs – un tiers de son œuvre de jeunesse – avaient disparu en 1937 dans l’incendie de sa chambre noire.

Parmi les spécialistes, un graphologue a par exemple pu déterminer que l’écriture figurant sur les enveloppes qui abritaient les négatifs était celle de la femme du photographe. Un météorologue a également comparé une photo d’Adams déjà connue et un négatif du même paysage, et découvert, grâce aux nuages, à la neige et à l’ombre portée d’un arbre, que les deux clichés avaient été pris le même jour…

Le galeriste David Streets, qui a accueilli mardi la présentation des travaux d’authentification dans sa galerie de Beverly Hills, à l’ouest de Los Angeles, a estimé la valeur des plaques à plus de 200 millions de dollars. «Sur la plupart des clichés, les compositions sont pratiquement impeccables, réalisées par un photographe de talent et à la vision singulière», a souligné l’un des experts sollicités.

L’histoire ne dit toutefois pas si Rick Norsigian recherchera avec la même persévérance l’homme qui lui a vendu les négatifs il y a dix ans, afin de partager avec lui le butin.

Source : Le Figaro, http://www.lefigaro.fr

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