Les réfugiés Rohingyas vus par Saiful Huq Omi

Le photographe Saiful Huq Omi a passé six années à photographier les musulmans Rohingyas qui ont fui les persécutions en Birmanie. Bien qu’à l’époque il n’était pas le seul à s’intéresser à la situation de ces réfugiés apatrides, pour Saiful Huq Omi, leur histoire faisait écho avec la sienne.
« Je grandi en écoutant des histoires sur la façon dont ma famille s’est réfugiée en Inde au cours de la guerre pour l’indépendance de 1971 ». « Mon père était un jeune militant, il a dû se cacher de l’armée pakistanaise. Sa première femme, qui était la sœur de ma mère, a été abattu au cours de la guerre tout comme cinq autres membres de ma famille. »

©Saiful Huq Omi

Huq a photographié les réfugiés rohingyas au Bangladesh et en Malaisie, où beaucoup vivent maintenant. Il a également travaillé avec les organisations des droits humains et a aidé à produire un film documentaire, « Hidden Genocide » pour Al Jazeera. Son travail sur le sujet a attiré les foudres du gouvernement de Myanmar ainsi que des forces puissantes situées au Bangladesh qui bénéficient de l’activité de la contrebande humaine. En réalisant ce reportage, Huq a notamment évité de justesse une tentative d’assassinat.

L’arrivée des Rohingya en Birmanie à la fin du xixe siècle est, en grande partie, liée à la politique d’immigration encouragé par l’administration coloniale durant la période du Raj britannique, ceci afin de les encourager à travailler comme main d’œuvre dans les exploitations agricoles.

Depuis le coup d’Etat militaire au Myanmar en 1962, les Rohingyas ont fait face à des restrictions croissantes sur leur déplacement, l’accès à l’éducation et le mariage. Parce qu’ils se voient refuser la citoyenneté, ils sont de fait apatrides. La violence sectaire contre les Rohingyas musulmans au Myanmar, pays à majorité bouddhiste, a obligé plus de 100.000 d’entre eux à fuir au Bangladesh à la fin des années 1970.

Camp de Kutupalong, Bangladesh 2010 ©Saiful Huq Omi

 

Depuis que les militaires au Myanmar ont démissionné en 2011, des élections ont eu lieu. Bien que’il y a eu des réformes qui ont provoqué plus de liberté et d’opportunités économiques, les conditions ont empiré pour les Rohingyas, qui restent des cibles de discrimination extrême. Ils sont considérés par l’ONU comme « une des minorités les plus persécutées du monde ».

Récemment, 139 fosses et 28 camps servant au trafic d’êtres humains ont été découverts dans une région reculée de Malaisie frontalière avec la Thaïlande, des fosses susceptibles de renfermer les dépouilles d’exilés du Bangladesh et de Birmanie, dont les Rohingyas. En proie à « un véritable nettoyage ethnique » ordonné par les Arakanais, ethnie majoritaire en Birmanie, tente depuis 2012 suite à des nouvelles vagues de violence de migrer vers le Bangladesh, la Thaïlande et la Malaisie au moyen de boat-people et fait les frais du trafic d’êtres humains orchestré en Asie du Sud-Est.

Saiful Huq Omi est né en 1980 dans la ville portuaire de Chittagong. Il fit des études d’ingénieur avant de devenir photographe professionnel. Il a créé le magazine Counter Foto, le premier  magazine écrit en bengali. Il a l’intention de continuer à photographier le sort des Rohingyas que le monde continue d’y prêter attention ou non.

Les refugies Rohingyas vus par Saiful Huq Omi
http://www.saifulhuq.com/

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